Intervention de Daniel Boys en Conseil Municipal concernant le budget

L’an dernier, je dénonçais un budget manipulateur et je vous disais que vous seriez rattrapés par la réalité de votre gestion. Après l’augmentation déguisée de 3,68% des impôts locaux 2010  dont vous avez injustement fait porter la responsabilité au SIVOM, vous êtes obligés d’annoncer une hausse de 7,5% pour l’année 2011et non 5% car c’est bien 7,5% en plus que les Béthunois paieront en 2011.

Vous serez tentés de me dire que je m’étais trompé en annonçant 15%. En fait,  par un excédent truqué de 2,45 millions € sur le compte administratif 2010 et par le recours à l’emprunt de 11,5 millions € en 2011, vous avez reporté à 2012 une nouvelle hausse de 7,5%, pensant que la pilule serait plus facile à avaler. Mais les chiffres sont têtus 7,5 +7,5 cela fait toujours 15, que ce soit sur un an ou deux.

Depuis votre arrivée en 2008, la situation financière de la ville ne cesse de se dégrader et c’est ce que les Béthunoises et les Béthunois payent aujourd’hui  mais paieront aussi demain. Après avoir dilapidé le matelas financier vous avez été incapable de maîtriser les dépenses de fonctionnement.

 L’excédent de fonctionnement de 2,45 millions € au compte administratif 2010 ne provient pas d’un réel excédent de bonne gestion mais des 6 millions € d’emprunt que vous n’avez  pas mobilisé. C’est ce qu’on appelle faire de la cavalerie puisque vous utilisez le crédit pour vous faire de la trésorerie.

L’autofinancement de 3,49 millions € que vous dégagez en 2011 ne parvient même pas à rembourser le capital de la dette de 3,6 millions € et n’a été rendu possible que parce que vous avez remis dans le budget 2011 l’excédent truqué de 2,45 millions € du compte administratif 2010.

Avec les 11,56 millions € d’emprunts nouveaux inscrits en 2011 vous augmentez de 20% la dette de la ville qui est déjà de 56,96 millions €. Mécaniquement, l’annuité de la dette qui est de 6,38 millions € augmentera de 20% soit 1,37 millions €. Avec des recettes fiscales qui sont de 18 millions €, cela signifie que la pression fiscale en 2102 augmentera de 1,37/18 , soit 7,5%.

Voilà la réalité des chiffres : 7,5% pour 2011 et 7,5% à venir pour 2012, avec un autofinancement réduit à une peau de chagrin, c’est là votre bilan. Après 3 ans de votre gestion, Béthune est une ville qui ne maîtrise plus ses dépenses de fonctionnement, Béthune est une ville endettée incapable, sans augmentation inconsidérée des impôts locaux, de trouver dans son excédent de fonctionnement les moyens financiers nécessaires à l’investissement. En un mot vous avez mis Béthune au bord du gouffre pour ne pas dire dedans.

On pourrait comprendre que notre ville s’endette, que cet endettement permette à Béthune de réaliser des investissements qui préparent l’avenir, qui renforcent son  dynamisme et son attractivité. Au lieu de cela que voyons nous ? Le pôle gare où vous nous aviez annoncé un pôle tertiaire, un hôtel, un cinéma, des restaurants est toujours en friche, le quartier de la gare est laissé à l’abandon, le projet d’extension d’Auchan est aux abonnés absents, le centre administratif est passé aux oubliettes, la rue de Lille est livrée aux marchands de sommeil, le centre sportif est toujours dans le même état alors que de nombreux clubs attendent toujours de savoir ce que va devenir la salle Léo Lagrange, sans parler de l’arlésienne du musée d’ethnologie régionale.

 L’an dernier à grand renfort de communication vous nous avez proposé Béthune la ville qui s’invente, mais aujourd’hui dans votre budget investissement on ne voit ni la traduction d’une vision globale pour Béthune ni le début de mise en œuvre de choix prioritaires. Tout au plus voit-on la réalisation d’équipements disparates qui ne constituent pas les éléments d’une politique cohérente.

Béthune moi j’y crois, dites-vous, mais vous êtes les seuls à y croire car les Béthunoises et les Béthunois sont comme Saint Thomas, ils ne croient que ce qu’ils voient, c'est-à-dire une augmentation de leurs impôts, une ville en panne sans aucune vision pour l’avenir. Béthune à 20 ans s’efface dans les brumes de l’indécision et des finances exsangues. Heureusement qu’avec l’aide de la Région et d’Artois Com la capitale régionale de la culture est là pour redonner de la couleur à Béthune, mais comment faire venir et retenir à Béthune celles et ceux qui sont séduits par son patrimoine et sa vie culturelle quand les taxes locales risquent de devenir dissuasives.

Alors que les salaires dans le public et le privé stagnent, alors que les retraites ne sont pas revalorisées, alors que les prix du gaz, de l’électricité, des denrées alimentaires flambent, croyez vous judicieux d’étrangler un peu plus nos concitoyens assujettis à l’impôt ?

Enfin c’est peu en pourcentage mais c’est symbolique, alors que la crise frappe durement les plus fragiles, comment pouvez vous justifier que le poste  indemnités des élus augmente alors que le budget du CCAS baisse ?

Pour toutes ces raisons, je ne voterais pas ce budget 2011.