CPE - Débat Daniel Boys / André Flajolet à la Faculté des Sciences Economiques de Béthune

Publié le par Daniel Boys

A l’invitation du Comité Anti-CPE de Béthune, MM. Francis Boulet, Daniel Boys et André Flajolet ont débattu cet après-midi du Contrat Première Embauche. Un échange de vues cordial mais franc a permis aux étudiants d’apprécier les différents points de vue des intervenants sur la problématique du CPE.

 

Morceaux choisis de l’intervention de Daniel Boys :

 

« Nous sommes tous d’accord sur le diagnostic. Le chômage des jeunes est beaucoup plus important en France que dans les autres pays européens. Par ailleurs, en 20 ans, le recours à l’intérim a été multiplié par quatre tandis que les CDD ont augmenté de 180%. Nous observons donc une précarisation généralisée de la jeunesse.

Si le diagnostic est commun, je ne partage pas la méthode du gouvernement.

D’abord, la manière dont la loi à été imposée est inacceptable : le Premier Ministre a imposé son projet sans la moindre concertation préalable avec les jeunes et les syndicats et est passé en force au Parlement par le biais du 49-3. Une autre méthode aurait sans aucun doute évité les tensions sociales que nous connaissons actuellement.

 
Surtout, on ne peut régler le problème du chômage des jeunes en accroissant la précarité. Bien sûr, les entreprises créent les emplois, il faut savoir les écouter mais un gouvernement doit aussi savoir prendre en compte les aspirations des jeunes et des organisations syndicales. Ces derniers ne demandent pas un emploi à vie, ils demandent une égalité de traitement avec leurs aînés et, parce que les premières années sont les plus difficiles, une sécurité minimale du parcours professionnel. Le CPE va à l’encontre de cet objectif. Certes, les entreprises ont besoin d’une certaine souplesse mais avec ce dispositif, c’est la porte ouverte à l’arbitraire : certains jeunes seront licenciés parce qu’ils auront refusés des heures supplémentaires, parce qu’ils auront des prétentions salariales, parce qu’ils ne plairont plus à leur patron.

Aujourd’hui, nous nageons dans l’incohérence. Le Président de la République vient de promulguer une loi, dont il demande qu’elle ne s’applique pas. Cela n’a pas de sens. Le chef de l’Etat aurait dû demander une deuxième lecture au parlement afin d’abroger la loi. Une négociation aurait alors pu s’ouvrir pour répondre au défi national de l’emploi des jeunes. Aujourd’hui, le gouvernement est dessaisi de fait du dossier pour être confié à Nicolas Sarkozy, chef de parti, ministre de l’intérieur et accessoirement candidat à la présidentielle. En réalité, Jacques Chirac n’a pas écouté les jeunes, mais a voulu sauver son Premier Ministre.

Il faut sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Un compromis entre tous les partenaires est possible. Les jeunes ont le sens des responsabilités, mais refusent avec raison l’inacceptable. C’est pourquoi le CPE doit être abrogé. »

Publié dans Archives 2005-2009

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article