Augusto Pinochet est mort

Publié le par Daniel Boys

Augusto Pinochet est mortPour l’immense majorité des Chiliens, Pinochet était un traitre. Un traitre à son pays, d’abord, pour avoir renversé par la force le gouvernement légitime du Président Allende auquel il avait juré fidélité trois semaines auparavant. Un traitre à la démocratie, ensuite, pour avoir instauré l’une des pires dictatures d’Amérique du Sud. Un traitre à l’humanisme, enfin, pour avoir assassiné, torturé et fait disparaitre des dizaines de milliers d’opposants.

Aucun démocrate ne le regrettera, bien évidemment. Devons-nous, pour autant, nous réjouir de sa mort ? Je ne le crois pas. D’abord, parce que la différence entre Pinochet et moi, c’est que je ne me réjouis pas de la mort d’un homme. Ces termes, que je ne fait qu’emprunter, sont d’un rescapé des geôles chiliennes. Ensuite et surtout, parce que Pinochet n’a jamais été officiellement jugé pour ses crimes.

L’impunité judiciaire éternelle d’un dictateur sanguinaire. Voilà la seule chose que nous regretterons de la mort de Pinochet. Il nous reste néanmoins le jugement moral qui, lui, est implacable, sans appel ni libération sous caution.

Si la mort du Généralissime Pinochet ne devait nous évoquer qu’un seul souvenir, ce serait celui des milliers qui sont tombés pour la liberté du peuple chilien. Contrairement à leur bourreau, ils sont morts sans les honneurs militaires, mais sous les balles des militaires. C’est pour eux que nous nous devons de ne jamais oublier ce qui s’est passé le 11 septembre 1973 au Chili. C’est pour eux, également, que nous nous devons de soutenir les familles des victimes dans leur combat pour qu’ait lieu un procès de la junte militaire, dont nombre des acteurs sont encore bien vivants.

Publié dans Archives 2005-2009

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