Conseil Régional - Intervention de Daniel Boys : "l'Homme au coeur de nos ambitions économiques"

Publié le par Daniel Boys

Monsieur le Président, Chers Collègues,
 
Notre schéma régional de développement économique affirme que l’homme doit être au cœur de nos ambitions économiques. C’est un document prospectif élaboré en concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux, économiques, associatifs qui va permettre à la région de jouer pleinement son rôle en matière de développement économique durable.
 
En amont de la mise en œuvre progressive de ce document stratégique, les initiatives prises aujourd’hui par la région sont la traduction concrète de nos ambitions. Je veux parler de l’engagement financier de la région en faveur de la rénovation urbaine, de l’implantation du Louvre à Lens ou de l’action continue pour la rénovation de nos lycées.
 
L’opération de rénovation urbaine est peut-être la plus emblématique des trois pour ce qui concerne le nombre d’emplois crées et l’amélioration du cadre de vie des habitants des quartiers dégradés. Un milliard d’euros (750 millions de l’ANRU - 250 millions de la région) vont être mobilisés sur la période 2005-2011, ce qui déclenchera avec la participation des collectivités locales, des offices HLM ou de la CDC un programme de travaux d’environ 3 milliards d’euros. Quant on sait que 100 000 euros investis  dans le BTP génèrent la création d’un emploi, ce sont donc environ 30 000 emplois qui seraient crées sur la même période dans ce secteur d’activité. Les personnes les plus en difficultés en seront également les bénéficiaires puisque le règlement de l’ANRU stipule que 5% des emplois doivent être réservés aux habitants des quartiers en rénovation. Mais au-delà de ces emplois crées qui ne sont jamais assez nombreux face au chômage important qui frappe les quartiers, ce sont nos villes industrielles, minières, textiles, sidérurgiques, ce sont nos cités HLM des années 60-70 issues de notre première reconversion industrielle qui vont se transformer.
 
Il n’y aura pas de développement durable dans une région où subsistent des inégalités sociales et culturelles, qui sont aussi des inégalités urbaines.
 
La mobilisation des élus, des acteurs sociaux, des habitants, des bailleurs et des associations, en appui à la force de frappe financière mobilisée par la région doit permettre à la politique de rénovation urbaine de reconstruire nos villes industrielles et nos cités HLM en privilégiant la mixité sociale, l’amélioration de la qualité de vie et les services aux habitants, tout en les repensant dans une perspective de développement durable. C’est ainsi que nous parviendrons à corriger une organisation urbaine résultant d’un développement industriel non durable ; à la fois facteur d’exclusion urbaine et handicap pour notre développement.
 
Par cette politique volontariste, nous contribuons donc à développer l’emploi et nous permettons à nos villes d’effectuer les mutations nécessaires à un nouvel essor plus soucieux de l’équilibre des territoires urbains, de la qualité de vie et du respect de l’environnement.
 
Pour maîtriser cette ambitieuse politique de rénovation urbaine, nous devons nous donner les outils d’ingénierie nécessaires à cette profonde évolution. L’existence d’un IUT génie civil, d’une faculté de sciences appliquées spécialisée dans le génie urbain, la présence de laboratoires de recherche sur les nouveaux matériaux et les nouvelles énergies et du seul lycée de travaux publics de France font que le Béthunois - Bruaysis est retenu comme pôle de compétence régional dans le domaine de l’urbanisme et de l’habitat. Le partenariat déjà établi avec les universités de Lille I et de Valenciennes au sein de l’action concertée de recherche en génie urbain fait de ce réseau un acteur reconnu au niveau international. Ce pôle de compétence régional associé à l’expérience acquise par les bailleurs, les entreprises et les collectivités sur les problématiques urbaines doit nous permettre d’être reconnu au niveau international comme pôle de référence. Le savoir et savoir-faire accumulé depuis de nombreuses années doivent pouvoir s’exporter à l’international vers les pays de l’Europe de l’est ou en Chine, qui vivent aujourd’hui des mutations identiques à celles que nous avons vécu. Encore faudrait-il encourager ces coopérations, qui sont un facteur indéniable de développement pour nos entreprises du BTP, de l’énergie ou des matériaux.
 
L’implantation du Louvre à Lens est également un facteur important du développement économique. Les 120 millions d’euros prévus pour sa construction vont générer, dans les 3 années qui viennent, la création d’environ un millier d’emploi dans le secteur du BTP sans compter bien sûr les emplois induits par les aménagements urbains qui vont accompagner son implantation. Le Louvre à Lens est sans aucun doute le symbole d’une page qui se tourne dans l’histoire industrielle du bassin minier, mais c’est surtout l’affirmation que notre développement futur sera aussi lié au tertiaire, notamment aux activités de service et au tourisme. Si on prend comme référence le Guggenheim  à Bilbao qui accueille annuellement 900 000 visiteurs, le musée génère 180 millions d’euros de PIB, 20 millions d’euros de recettes fiscales et a permis la création ou le maintien de 4800 emplois directs et indirects. Avec des études qui montrent un potentiel touristique de 600 000 visiteurs, le Louvre à Lens sera à l’origine d’une nouvelle dynamique économique sur le secteur du bassin minier et, au-delà, sur les territoires qui se préparent sur le plan touristique et culturel à accompagner cet équipement majeur du développement régional.
 
Dans le même temps, l’action continue de la région pour la rénovation de nos lycées et de nos centres d’apprentissage se traduit par un effort financier annuel de 200 millions d’euros. Compte tenu des ratios, cela contribue à maintenir environ 2 000 emplois dans le secteur du BTP. Au-delà du maintient de l’emploi, cette rénovation de nos lycées et CFA permet surtout de moderniser notre outil de formation et donc de mieux préparer nos jeunes à l’insertion professionnelle. C’est un facteur essentiel de notre dynamisme économique dans un monde où les évolutions techniques sont rapides et où l’économie est de plus en plus ouverte.
 
Bien sûr, la région ne peut à elle seule décréter la fin du chômage. Néanmoins, ces exemples montrent qu’elle tient toute sa place dans le soutien aux entreprises du BTP en permettant, sur les 5 années à venir, de créer ou sauvegarder entre 30 et 35 000 emplois.
 
Pour que notre action soit efficace, il faudrait que l’Etat et l’Europe soit au rendez-vous de nos ambitions.
 
L’Etat tout d’abord. En nous transférant des charges sans pour autant nous en transférer les moyens, il contribue à affaiblir nos capacités financières pour accompagner cette nouvelle étape  de notre deuxième reconversion économique, après celle de l’après activité industrielle traditionnelle. Les nouveaux métiers, les nouveaux services, l’économie du savoir et de la valeur ajoutée ne seront pleinement efficaces que si l’Etat intervient à nos cotés pour financer l’investissement dans la recherche et les nouvelles technologies.
 
L’Europe ensuite. Ses capacités financières pour l’aide aux régions en reconversion vont se trouver amoindries par l’arrivée des 10 nouveaux pays de l’est. Comme cela a été notre cas dans les périodes difficiles, il est légitime que ces pays trouvent dans l’Europe un partenaire financier pour sortir du marasme de l’après communisme. Une contribution accrue des Etats membres au budget de l’Union Européenne permettra un développement harmonieux et équilibré des pays de l’est, tout en assurant les nécessaires évolutions économiques encore inachevées de nos territoires.
 
Enfin, dans le secteur du BTP qui totalise dans notre région 76 000 salariés pour plus de 11 000 entreprises, les difficultés de recrutement et de formation font qu’aujourd’hui de nombreuses entreprises ne trouvent pas sur notre territoire les employés qualifiés pour répondre aux marchés. Elles font quelquefois appel à des entreprises provenant des pays de l’est, alors qu’une grande partie de notre population au chômage ou de notre jeunesse pourraient trouver des solutions d’embauche. Il nous faudra donc être attentifs à susciter une réorientation des jeunes vers les filières professionnelles et techniques, ainsi qu’à soutenir la formation des apprentis dans le  secteur du BTP où 30 à 35 000 emplois seront crées.
 
Ces projets ambitieux pour le développement économique durable et harmonieux des territoires régionaux seront d’autant plus porteurs d’avenir que nous saurons mobiliser les différents partenaires. Ils prouvent aussi que notre volonté de résister, d’agir et d’avancer est déjà en œuvre pour le bien être et l’avenir de nos concitoyens.
 
Je vous remercie de votre attention.

Publié dans Archives 2005-2009

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