Intervention de Daniel Boys en séance pleinière du Conseil Régional sur la santé

Publié le par Daniel Boys

Monsieur le Président,

Chers collègues,
 
 
Mai 2007, visite du Président de la République et de la Ministre de la Santé à Dunkerque et Zuydcoote ; octobre 2007, nouvelle visite de la Ministre de la Santé à Lille.
 
Autant de visites qui se suivent pour faire le même constat : les indicateurs de santé du Nord Pas-de-Calais sont extrêmement inquiétants.
 
Il est vrai que Xavier Bertrand, Ministre de la Santé, avait fait le même constat en 2005 lors de sa visite dans notre région.
 
Autant de constance dans le diagnostic pourrait nous rassurer s’il était suivi de mesures efficaces pour remédier à cette crise sanitaire qui frappe durement notre région.
 
Une telle lucidité de nos ministres successifs de la Santé et de notre Président de la République rend encore plus insupportable cette situation car c’est en toute connaissance de cause que l’Etat ne nous donne pas les moyens nécessaires pour accompagner les actions volontaristes que nous avons engagés depuis 25 ans en faveur de la santé publique.
 
Derrière la froideur des statistiques, dont la Ministre de la Santé avoue avoir pris connaissance par l’enquête de la Voix du Nord, ce qui laisse rêveur sur le fonctionnement des services de l’Etat, ce sont des hommes et des femmes dont l’espérance de vie est inférieure de 3 ans à la moyenne nationale, ce sont des hommes et des femmes qui ont un taux de surmortalité supérieur de 30% à la moyenne nationale, ce sont des hommes et des femmes qui présentent 22% de plus de cancers du poumon, 81% de plus de cancers des voies aerodigestives, 32% de plus de cancers du sein.
 
Pour compléter, il faut ajouter une démographie médicale insuffisante avec 299 médecins pour 100 000 habitants contre 343 pour la moyenne nationale et 60 spécialistes pour 100 000 habitants contre 88 au niveau national.
 
A ce tableau noir sur le plan régional se surajoutent de graves inégalités territoriales et sociales en matière d’indicateurs de santé et de démographie médicale pour les vieux secteurs industriels comme le Lensois ou le Valenciennois.
 
Tous ces chiffres sont connus, implacables et pourtant nous sommes la région où la dotation par habitant de l’hôpital public est la plus faible de France avec 476 euros contre 525 euros en PACA ou 607 euros en Alsace.
 
Aujourd’hui, après la mise en application en 2005 du plan hôpital 2007, les hôpitaux publics avec 57 millions d’euros de déficit sont au bord de l’asphyxie financière. Les seules réponses proposées par l’Etat sont les suppressions de postes qui contribuent à aggraver encore plus l’accès au soin de notre population. L’équation finale est accablante : nous avons la situation la plus grave et les moyens les plus faibles. 
 
En juin 2007, face à cette situation, notre collègue Cécile Bourdon demandait à Monsieur le Préfet de Région si l’Etat allait nous donner les crédits nécessaires à la bonne santé de nos établissements hospitaliers pour permettre, disait-elle, à notre région de voir l’avenir de façon plus radieuse et surtout que les indicateurs tendent enfin à s’inverser.
 
Avec le projet de loi de finances de la Sécurité Sociale pour 2008, nous avons aujourd’hui la réponse. La création de nouvelles franchises médicales, l’amplification des déremboursements va contribuer encore plus à éloigner des soins une population qui dépense déjà moins que la moyenne nationale : 76 euros de moins dans les établissements hospitaliers et            11 euros de moins chez les médecins et spécialistes.
 
La poursuite de la T2A (tarification à l’activité) certes nécessaire mais mal mise en œuvre amplifiera les déficits financiers des hôpitaux publics auxquels on appliquera une politique drastique de réduction des personnels aggravant ainsi les conditions d’accès aux soins et la qualité du service public de la santé.
 
Le remède que nous propose l’Etat s’apparente à une saignée que l’on ferait subir à un corps déjà anémié. Il y a donc de sa part un cynisme qu’on pourrait qualifier de non-assistance à population en danger sanitaire.
 
Voici ce que nous pouvons espérer de l’Etat qui, aux dires du Premier Ministre, est en situation de faillite et qui par sa politique fiscale de cadeaux aux plus privilégiés continue à se priver des moyens qui lui permettraient de jouer son rôle de péréquation positive en faveur de notre région comme ce fut le cas entre 1997 et 2002.
 
Face à ce désengagement de l’Etat, la Région ne doit compter que sur elle-même et continuer sa politique volontariste pour améliorer la santé de notre population, condition indispensable pour assurer les mutations sociales, économiques et culturelles auxquelles nous sommes confrontés.
 
Avec 20 millions d’euros par an, la Région soutient des programmes ambitieux en matière de prévention, de recherche, de démographie médicale ou de traitement comme le plan cancer. Mais devant un défi d’une telle importance, c’est d’une mobilisation générale dont nous avons besoin.
 
Seuls nous ne pourrons pas tout. A chacun de prendre ses responsabilités, nous avons pris les nôtres.
 
Dans ce ciel noir, j’oubliais, Monsieur le Président, chers collègues, une petite étincelle sous la forme d’une mission confiée par Madame Bachelot à André Flajolet notre collègue pour réduire les inégalités territoriales. Je lui souhaite bonne chance. Je ne mets pas en doute ses capacités à formuler des propositions innovantes, mais je crains que faute de moyens financiers nous n’ayons qu’un catalogue de bonnes intentions. Mais souvenons nous que l’enfer est parfois pavé de bonnes intentions.
 
Merci de votre attention.

Publié dans Archives 2005-2009

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